Herdades

Portugal, printemps 1976. La Révolution des OEillets a tout juste deux ans, et dans les vastes campagnes du Sud, soumises depuis des siècles à un régime quasi féodal, les travailleurs agricoles se sont emparés d’un million d’hectares autrefois aux mains de riches notables. Ils s’organisent en centaines de coopératives et commencent déjà à rattraper le retard de la région dans la production agricole du pays. Mais le monde politique portugais se déchire autour de l’enjeu de la réforme agraire. Et si, au Portugal comme à l’étranger, bien des regards enthousiastes sont tournés vers cette expérience inédite, certains voient d’un bien plus mauvais œil le développement rapide d’une économie collectiviste.
Tandis que l’Union soviétique expédie des milliers de machines agricoles pour appuyer les nouvelles coopératives, les États-Unis, eux, nomment un nouvel ambassadeur à Lisbonne, chargé d’éviter le basculement de ce petit État d’Europe de l’Ouest dans la sphère d’influence communiste. Quant à la CEE, qui ne compte encore que neuf membres, elle se met discrètement en devoir d’intégrer le Portugal en son sein et de le plier à sa politique agricole commune, dans laquelle il n’y aura guère de place pour les nouvelles productions alentéjanes…